vagabond bribes 1

je subis ce même silence. le champ est une nuit. une couleur fluorescente flotte. l’ombre du chien la traverse. le chien n’est qu’une ombre dans la nuit. le champ a peur ou c’est moi. la nuit se fiche du chien et du champ. c’est un gris qui passe, déchire le champ et meurt. je sens comme une mauvaise herbe m’envahir. s’empresser, lier ma gorge. j’oublie le chien. la nuit est une obsession. j’avance dans le bruit de son feuillage. c’est une nuit anonyme. le chien est passé. il marche encore quelque part. il me suit peut-être. il entre dans la forêt. j’ai une sorte de malaise. qu’est-ce que je fous là. je pisse sans gêne ça ne me dérange pas. je pisse même en ville des fois. je cherche l’endroit avec l’envie de pisser et je pisse. je salis les murs je m’en fous. c’est pas moi qui habite au-dessus. il faut que je rejoigne la gare. le dernier train est à vingt trois heure cinquante. cette nuit est bannie de couleurs. cette nuit sent bon. un vent frais m’ennuie. je fume une clope. elle apporte ses couleurs. si j’avais bu ce serait différent. ou peut-être pas. ici c’est la campagne. les gens sont cons et vulgaires. ils circulent sur des routes sans âme. mes yeux sont alanguis. je me souviens d’une bouche alanguie, des lèvres entrouvertes. la gueule de cette nuit est fermée. j’ai perdu le rêve qui m’a amené là. j’aimerais manger un fruit. j’aimerais sucer la nuit jusqu’à son jus sucré. ici tout est sec. on entend les crapauds dans l’odeur de goudron. les coassements accompagnent comme une sorte de marche funèbre. qu’annoncent-ils. ils sont un mystère qui dure. je perds le fil sonore des crapauds. je dois me concentrer sur leur chant. quand j’y pense c’est horrible. un mystère est horrible. un mystère vit la nuit.

 

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