Arrêt
Parfois c’est quand il ne se passe rien qu’il se passe le plus de choses, comme un sphinx contemple le néant et le vide dans ses infinies variations. Cet arrêt sur image n’en est pas un. Il pullule de toutes sortes de venins et de légers tumultes et oscillations. Le temps ne règne pas. Le temps est un manège qu’on arrête avec ses mains. On l’étrangle parfois, on lui retire ses ailes, on le dénature. Mais il revient, il balance sa mesure à reculons, diffractée, elle se venge de notre arrêt et apparait dans une plus grande ampleur, une plus grande multitude. L’océan de l’espace et la rivière du cœur sont des malfaisances et des adorations. Les ruches reviennent et séquestrent leur miel. On tombe des nues dans le cœur où s’accentue la seule eau et la seule beauté. Déstructuration, ambivalence et secousses qui conquièrent les pensées et les cultures, les élaborations qui ont vécu avant nous. Pour ce seul temps et cette seule pilule. Sans plus de comportement. Sans aucune autre matière que l’oscillation. Que la seule tempérance et la vacuité du tout dans la cime et la dernière mèche de cette bougie qui brule incessamment. Toujours. Une adorable matière et une puissante lanterne qui brule le jour et se tempère la nuit. Un puissant jeu qui n’entrave rien. Un sourire bouddhique dans la bouche de la nature et la cité. Une démiurgique nature et une démiurgique cité que les anciens ont glorifié tout en s’éloignant du centre et des névralgies.