La fauvette.

Un jour, une civilisation entière était scotchée devant son poste de télévision. C’était une civilisation fatiguée et elle n’avait rien de mieux à faire. Les fermiers de Tanzanie regardaient eux aussi la même émission. Tous les soirs, le monde entier observait l’émission, parents et enfants. Ce spectacle ne les divertissait pas, il les captivait. Ils n’eurent bientôt plus rien d’autre à faire. Autour le monde n’était plus vivable, des incendies se déclaraient. Le monde était devenu virtuel, une comédie que personne n’avait parfaitement saisie. Un jour un médium d’origine tanzanienne vint les voir et leur dit : le dernier arbre de mon pays a brûlé, et vous n’aurez plus de bois pour fabriquer de l’électricité. Quant à votre émission, elle est terminée car le plateau a pris feu également, dehors il n’y a plus de végétation, toute la faune a péri sauf une fauvette. Or cette fauvette ce matin m’a dit que c’était elle l’actrice de votre émission de télévision, et qu’elle s’est fichue de vous afin d’éliminer ses rivales et voler le restant de sa vie sur des terres brûlées.

L’entrepreneur.

Un entrepreneur voulut sauver l’humanité. C’était un homme grand et musclé, un homme fort et roide. Rapidement, des mannequins et des poétesses crurent en sa parole, et ses résultats économiques furent bons. Le champagne et les berlines allemandes furent sauvées, et l’industrie redémarra. Tous crurent rapidement en lui, les pauvres, et même ceux qui cultivaient la terre. L’homme entrepreneurial ouvrait son torse devant les femmes, mannequines et poétesses, qui le suivaient à l’arrière de sa décapotable, qu’il avait fait construire sur mesure dans une industrie en Allemagne. C’était un sentimental et un entrepreneur solitaire. L’économie du luxe fut relancée, les paysans étaient conquis, et battirent les champs du matin au soir pour lui, comme s’il était Maho. Mais derrière le talus du palais présidentiel, un employé subalterne découvrit un jour un drame qui fit tout basculer : trois cadavres d’enfant. L’enquête, qui fut implacable, menée par un juge sévère et anxieux, en décela l’origine et parvint à éclaircir la situation. C’étaient les trois enfants d’un concurrent industriel, qui avait inventé la plus belle des berlines.

Les entreprises ont fait faillite (poésie).

La bêtise est la chose la plus visible au monde. Elle est une montagne, une montagne de bêtise. On la voit au loin être une bêtise, une montagne de bêtise. Des gens ampoulés et fat la désignent, comme la terre promise. Ces hommes surnaturels et bêtes ne sont rien, ils n’ont jamais rien été. Des gens s’amassent autour de prophéties stupides, toutes sortes de vaniteux, habillés en haillons à la mode antique. La vanité se déguise, elle se déguise en Ferrari, en hommes de gauche qui la désignent et veulent rouler en Ferrari. La bêtise est partout, elle s’installe, colossale, dans des ères fastes et en ruines. Des immeubles clinquants où toutes les entreprises ont fait faillite. Des gens campent autour d’anciens vestiges. Des gens discourent et s’amenuisent, des paroles égarées et avares, ne veulent rien dire. La bourgeoisie, dans des soubresauts de vieillesse, invite des jeunes âmes à colporter sa bêtise. Dans une vaste cité que l’on dirait funéraire, des modes anciennes apparaissent, des fêtes démesurées emplissent les boites crâniennes. Le champagne de la mort est à gauche comme à droite. On a peur de prendre les armes, que l’on donne aux gorilles. Des belles femmes et des mannequins prennent la pose sur les ballerines des esplanades, où des noirs astiquent les devants. Tous ont peur de mourir.

Des femmes.

Des femmes sorties de nulle part dans la nuit. Des femmes sorties de nulle part, affrontent la nuit. Elles sont nulle part et elles sont la nuit noire. Leurs couleurs vives sont le désir du noir. Elle vivotent dans un amas de sable noir et avancent à l’aveuglette, érigeant des temples industriels, des temples où le sable broie le noir des couleurs. Les couleurs meurent, dans leur trajectoire vers la mort et les affres de la bêtise. Elle dansent la bêtise des hommes et affrontent dans le noir le supplice de leur désir : l’intelligence. C’était là un portrait de femmes au noir.

Le poète.

La bêtise et l’ignorance, le fanatisme, ont conduit à une situation qu’une personne douée de vue et d entendement aurait peine à croire. C’est que toutes sortes de manigances peuvent passer inaperçues, et que des esprits éclairés, parfois des traîtres ou des felons agissant pour leurs intérêts au nom de grands idéaux, participent de cette ombre posée sur le monde. Mais le poète, qui sait voir dans l’ombre, fort de sa connaissance supérieure, avec ses simples moyens peut proposer des échantillons de lumière, afin que les gens s’en fassent une idée, et qu’ils puissent être plus prévenus et plus émancipés en ce monde. Le poète est modeste, car il n’occupe pas la place des philistins ou d’autres opportunistes, mais sa lumière est un doux réconfort qui peut assagir les gens et peut-être un jour leur montrer cela que les fastes et le pouvoir sont trompeurs, qu’il y pullule la luxure et l’avarice, l’ombre et le complot. Puisse sa lumière traverser toutes les cloisons et embrasser le monde !

Le sphinx.

On ne voit pas ce qu’il y a derrière la parole d’un sphinx, d’un génie ou d’un soliloque, d’un tu s’il est sphinx ou génie. Il y a une géographie derrière, dont peu de géographes ont perçu la teneur exacte en tel élément chimique. Ils n’ont pas su tout isoler. Ils ont confondu des éléments, perdu des échantillons, cassé des tubes à essai. Ils se sont emmêlés les pinceaux, pris dans les fils et ont chuté à terre, pestant et maugreant, tandis que le sphinx toujours regardait, sans voir, d’un œil indifférent, le géographe qui chutait. Tant de gens avaient chuté dans sa vie, les éléments eux-mêmes avait parfois été méprisants avec lui. Il restait indifférent, de cette indifférence positive qu’on n’avait pas compris, la positivité comme la joie étant une grande énigme, celle du sphinx.

Lost cause.

Le problème est que de sauver quelqu’un qui a des troubles psychiques est peine perdue. Lost cause. Mais merci pour ce que vous faites pour moi. Vous sauvez une cause honorable. L’honneur est étrange lui aussi. Il demande des mérites parfois à ce qui ne peut en fournir. C’est cet idéalisme là que j’aime, l’idéalisme de l’immanence et du rêve. Vous ne pouvez pas grand-chose pour moi. Mais je réagirai toujours.

Enfin vous pouvez me donner de l’argent si vous ne savez rien faire ailleurs !

L’intelligence.

Mon intelligence brute est absolument phénoménale, dévastatrice, car j’ai déjoué les larcins de tous, sans aucun problème. Plus le larcin est fort, moins il y a d’intelligence (cf mon géniteur). Mon intelligence brute, qui est un soleil, un champ de coton et un bulldozer finaud est enviable, vous ne pourrez jamais la détrôner, elle est éternelle. Enfin non, le système cognitif est fini… N’essayez pas de m’avoir, l’intelligence est le versant de la grâce, et les vraies femmes intelligentes sont de mon côté. Les vraies femmes sont féministes, elles sont des hommes et non des nantis, elles vous écraseront si elles sont telles que je l’ai exprimé. Bien sûr il est dur pour elles de devoir faire avec des reptiles, et je compatis. Les pauvres, quelle merde a-t-on à leur proposer. Enfin voilà, je suis le Seigneur de l’intelligence. Et vous savez l’intelligence c’est comme en poésie, c’est intuitif et créatif. C’est très fin. La poésie, c’est l’intelligence. Et Florian est la poésie.

Exemple.

Trieu est authentique et mon géniteur jalouse cela en lui, comme souvent chez des personnes d’autres ethnies. Il est également sportif et plus fort physiquement. C’est pour cela qu’il vient à dire qu’il est exotique plutôt qu authentique.

Leçon du jour.

Si un véritable maître n’a aucun orgueil, c’est qu’il ne compte pas se mettre en avant ou du moins avoir davantage de possessions, mais montrer aux autres la vérité et la diversité d eux-mêmes pour qu’ils s’émancipent.

Avec si j’ai pas droit à ma redevance !