Une girafe a le dos cassé. Elle s’étire le long d’un pelage de zèbre qui joue aux dés. Sur l’avenue un lampadaire éclaire une bougie. Des montres indiquent qu’il est huit heure.

Plus l’envergure d’une morale est petite et faible, plus elle veut s’imposer au monde.

Bêtise des apocalypses juives.

La bêtise des apocalypses juives est tout d’abord qu’elle pense qu’elles sont réservées à un peuple unique, mais dans le même ordre, elle ne prend nullement en compte la complexité et la vérité d’une vie et des sentiments humains. Elle est une réduction à une sorte de masse solaire qu’il y aurait en l’homme. Le fait qu’aucune métaphore ne puisse être choisie, que les métaphores elles-mêmes soient binaires, la rapproche de la culture solaire / jachère de notre temps où elle pourrait prendre son ampleur dans des régions chaudes du monde. Ce manque de perceptibilité du cosmos, de sa grandeur et sa vérité, de ses nuances et ses subtilités, la situe dans cet entonnoir que quelques poètes ont pu chanter, dans une poésie limitée. Les pays solaires ont souvent cultivé la bêtise, ceux nordiques aussi, mais jamais il n’a été pris en compte la palette des sentiments et des pensées. Il s’agirait d’un archaïsme légèrement subtil, repris ensuite dans les siècles en une subtilité plus adaptée. Mais tout cela n’est strictement rien. Le merveilleux qui touche un individu médiumnique n’est pas véritablement de cet ordre. Il ne sait pas bien dans ses rêveries de ce qui peut advenir. Il peut tout au plus penser à une vie après la mort avec ce que l’on en sait actuellement. Ses rêveries, qui décollent du lit, ne peuvent être tenues, car le médium est alité, les phénomènes qu’il a perçus, plus subtils que ce que l’on en savait du temps des charrettes, son panorama intérieur il n’a pas la moindre idée de s’il peut le réaliser. Et pour cause, rien ne s’est réalisé actuellement depuis le temps que les juifs en parlent. On verra. Je risque en effet d’être votre dernière chance. Mais je vous le dis : un médium est un rêveur alité qui croit d’avantage en la possibilité d’une vie quantique post mortem.

J’ai perdu ma chaussette au paradis, et j’ai perdu mon chapeau en enfer. J’ai trouvé une clé par terre et je l’ai mise dans mon radiateur. Il y a un goéland dehors, qui joue de la trompette.

Le paradis.

Il n’y a pas de corps au paradis, il n’y a pas même un esprit. En fait il n’y a rien. Il est un espace vide, absolument vide dans lequel on peut penser être, mais qui n’a aucune représentation et n’existe nulle part. Et même lorsque l’on rêvasse devant une image ou fixe un objet, ce n’est pas lui. Il est possible pourtant d’être au paradis. Des scientifiques ont leur mot à dire, mais moi je n’en sais rien.

Bien joué petit malin.

En vérité Jésus n’a pas souffert du supplice de la croix, à part certes au début quand il s’est fait clouer et torturer. Mais saviez-vous que le supplice de la croix, qui était vraiment pratiqué jadis, durait un temps très long et faisait descendre les organes progressivement vers le bas du corps ? Ce qui était un supplice horrible, en plus de la soif et de la faim. Or Jésus n’en a pas souffert et est mort rapidement en prononçant les paroles « maintenant je meurs » selon sa propre volonté. Une fois de plus il a vaincu.

La religion est uniquement de l’arrogance.

Le sens et la déréliction.

Seule une personne qui n’a aucun sens à sa vie sera travaillée par l’idée du sens et travaillera les autres avec cette idée. Le sens est un don et une personne hautement pourvue en sens ne se posera jamais la question du sens, car tout a un sens pour elle, même dans la dépression ou le malheur. Mais le travaillé du sens, l’homme vide, qui communique son vide, est parfois condamné à ne jamais trouver de sens. D’où son désir d’obtenir, quand bien même il serait un monstre ou un reptile, à défaut de pouvoir être et de trouver la paix. Cette âme errante, à la recherche du sens qu’il n’obtiendra jamais – il est né ainsi – et qu’il perdra toujours plus malgré ses obtentions, ce condamné vit donc par procuration, et recherche uniquement pour obtenir. Il tentera d’approcher des concepts qui lui sont étrangers, et jalousera ceux pour qui la vie est naturelle, même dans la souffrance. Cela pourra être imperceptible pour le profane, mais il est une vérité sacrée que l’absence de sens recherche la sacralisation, car elle n’y voit rien en ce monde que des brumes et des formes qu’elle convoite. Son sens déprécié pourra conduire le monde à sa perte, le monde qui l’a suivie dans sa quête insensée de sens, et si ce monde est devenu insensé à son tour, il pourra la suivre dans on erreur, ou se retrouver dans son absurdité.

Rien ne dérange plus une civilisation qu’une personne sans masque.

Vous vous êtes trompés : Dieu, c’est Francis Heaulme.