POEME DU DESERT
Le sel des orties est nécessaire à l’élaboration du désert
A celui qui ne manque jamais de rêve
En ce monde clos et infini
Où se déroulent d’interminables coquilles de scénarios
Des instances jamais assoiffées, jamais altérées
Qui sans cesse élaborent, font, construisent
Dans la lumière brute et jaune
Comme yeux de voitures
Mais toujours le désert et sa palette d’ocre et de gris
Cogite dans son air stagnant
Non pas confiné, mais élaborant, travaillant, œuvrant
A ne jamais sentir la fragrance vraie
Portée au cou d’une passante
Où est la vérité si ce n’est dans le poids
Le granit et le basalte du désert qui retiennent
Les pensées sans jamais qu’elles ne s’effritent
Mais servent à renouveler l’espace de la pensée
Mais ne nous écartons pas de notre thème
Où est le bonheur dans cette accumulation de sables
De roches solitaires, grande jachère minérale et organique
Où tout semble vivant et mort, condensé et infini
Les érémitiques chrétiens, les juifs et les arabes
La grandeur spirituelle d’esprits réduits
A leur plus stricte essence sont l’espace du désert
Où nul n’est réellement abandonné
Mais œuvre de concert avec l’immortalité des esprits
Se préserve de toute affection et de toute mort
On ne meurt pas au désert
La soif et le sommeil ne sont que des choses contingentes
On perpétue l’espèce : des cerveaux désertiques
Où une fine transparence cristalline à peine a semé son filon
Rien n’est plus habité qu’un désert, rien ne dessert mieux la pensée
Que ces interminables glyphes et schèmes qui y sont nés et ont germé
Dans la terre la plus aride qui soit
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