Récit d’une eau croupissante

RECIT D’UNE EAU CROUPISSANTE

Les choses s’enterrent au fond de mon lit, pourrissent à la surface, mais pas tout à fait. A chaque chute de feuilles et chaque bourrasque de bois je forme une nouvelle surface. Les choses vieillissent, se désagrègent mais ne sont jamais tout à fait mortes. Je les conserve dans un état bien triste, mais au fond elles prennent vie d’une autre manière, et changent presque de matière. Elle se mélangent et restent recluses comme une famille incestueuse. Quand elles ont assez de caractère elles fusionnent avec mon esprit qui les a capturées, quand elles sont suffisamment rôdées pour rêver d’éternité. Car il n’y a bien que le rêve qui puisse nous épancher. Ici tout est parfaitement mort, enfoui, oublié et ce qui s’y perd génère tout de même un peu de vie. Voyez vous notre seule subsistance possible, la seule qui nous anime ne peut être que le rêve. Ailleurs on établit des systèmes ou des projets, ici rien de cela, comment voulez-vous, nous sommes enfouis, nous sommes perdus et ce que nous projetons pour atteindre à la vie qui est la vôtre ne peut être que le rêve, le rêve qui sort de nos marres verdâtres, nos feu follets aveugles. Nous ne pouvons rien imaginer qui construise une vérité future, nous ne pouvons rien réaliser, seulement épancher nos lueurs comme mille lucioles mourantes.

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