PAYSAGE D’HIVER (BRUEGEL)
je vois cette peinture d’hiver, des personnes sur un lac gelé, au bord d’un hameau. ils n’ont pas d’expression. ils sont seulement ces personnages au bord d’un hameau. une profonde connivence, une solidarité les parcourt. ils marchent sur la glace, certains partent pour la chasse, les enfants jouent vêtus de bonnets. j’admire une telle précision picturale, un tel rendu. pas un seul de ces figurants sur ce paysage de neige et de branches nues n’a autre chose en lui que l’idée de la mort. et pas un seul ne le dit. ça vous ferait pisser des larmes, à faire fondre la glace qu’on dirait éternelle.
pourtant ce tableau est la vie, le roulement soumis, le tendre écoulement comme viendra le printemps. les gens dessus l’ont assimilé. ce sont déjà des morts qu’on apprécie l’époque révolue. on ne leur demande pas de s’instruire, de méditer mais d’accomplir leur tâche. cela leur sied. nulle envie de briser cette féodalité. ce tableau odieusement vrai, hurle une similitude entres tous, tous les figurants, ses tons gris, blancs et noirs ne rendent-ils pas l’éternité à l’homme. l’homme inscrit dans la finitude, l’union de la finitude aux siens.
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