Traces (journal, 2011)

Car c’est bien dans ce court laps d’extase que toute la valeur de l’écriture prend de ampleur : on retient enfin ce qui nous a poussé à écrire.

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Cette histoire du temps qui passe, j’entends par là le vieillissement de l’âge, cette histoire n’est en définitive qu’une supercherie.

Pour la raison qu’il est tout à fait possible par des moyens naturels de répéter l’instant voulu.

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Je cherche une ligne d’équilibre qui soit faite de déséquilibres : s’équilibrer au-delà d’une position schématique et misérable, oser la folie, la nécessité de vivre.

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La question est de savoir envers quelle entité dérangeante on se bat, si elle se situe dans une région du moi ou en dehors. La sagesse a toujours dit qu’elle est en nous.

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La poésie est dans les fissures sociales, familiales, aussi dans les liens. La poésie est tout ce qui émerge du déjà-vu. POESIE SORS DE LA.

La poésie n’a jamais emporté aucune société, pur phantasme – pensée cannabique allongée mais en mouvement intérieur, la société est extérieure.

Un cerveau est isolé, ce qui les unit doit passer par l’action – le rêve est un débris égoïste.

Autre phantasme : guerre et destruction. Les camps sont des phantasmes. Quand on dit que la guerre est la dernière des solutions on maintient le phantasme. La sagesse serait de dire qu’elle n’est pas une solution.

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Je n’ai qu’un livre de Freud que je n’ai pas lu : l’inquiétante étrangeté. Je l’ai acheté car il me semble éprouver ce sentiment parfois, quand je suis à l’extérieur, précisément parmi les autres et profondément en moi. Cela me prend totalement à l’improviste, puis s’estompe une fois rentré chez moi. Parfois cela crie, parfois c’est langoureux. C’est quelque chose de très ambivalent. La plupart des gens diront que c’est une souffrance, c’est sûrement le bon sens, mais cela peut aussi laisser place à des révélations, non pas qu’on pense mieux, mais qu’on ressent différemment.

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Quel formidable portrait de l’imbécile moderne, celui qui n’y gaule rien et plante sa rose comme un étendard sur la bêtise.

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Notes sur le suicide

Penser au suicide a un lien direct avec le désir. Je me tue parce que je ne me corresponds pas.

Si jamais j’avais la chance de me correspondre, je crierais à la vie, je la crierais si fort que je la décuplerais : cette vie dont il est impensable qu’elle ne soit pas la seule, la véritable.

Or il y a plusieurs vies, et le désir est infini. En les délimitant à une image précise on les tue, on se tue.

Une existence préconçue est une sorte de fantôme que l’on maîtrise rarement et qui se choque à l’idée qu’on se fait d’elle.

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